Serment médical : après Hippocrate, découvrez Augusta !
Bienvenue dans French Baratin avec Sibylle.
Dans notre épisode principal, vous avez pu entendre Perrine, une jeune médecin qui vous raconte ses études et sa vision du monde de la santé. Il y a quelques années, Cécile, Rafael et moi avons assisté à la soutenance de thèse de Perrine. À la fin de celle-ci, il y a eu un moment très émouvant : juste après avoir été déclarée docteure, Perrine s'est levée et elle a récité Le serment d'Hippocrate.
Dire ce texte n'est pas obligatoire, mais beaucoup de jeunes médecins choisissent de le faire, car il représente un engagement moral des médecins envers leurs patients et leurs confrères. Le serment d'Hippocrate vient de l'Antiquité : hippocrate était un médecin grec et le texte d'origine se réfère à des dieux comme Apollon et Panacée, auxquels plus personne ne croit aujourd'hui. Mais certains principes de ce serment antique sont toujours importants pour les médecins actuels : ne pas faire de mal aux patients ou garder leurs secrets, par exemple. C'est pour ça que ce serment d'Hippocrate n'a pas été oublié à travers les siècles, mais plutôt adapté au monde moderne et aux cultures des médecins qui le prononcent.
En France, les médecins ont le choix entre plusieurs versions, dont la plus connue est celle établie par l'Ordre des Médecins en 2012, alors qu'aux États-Unis, on utilise souvent le serment écrit en 1964 par Louis Lasagna, qui était doyen de l'Université de Tufts. Comparer les deux est intéressant : alors que la version américaine insiste plus sur l'empathie des médecins envers leurs patients, le dialogue entre médecin et la prévention, on retrouve dans la version française les valeurs de la République, en particulier l'égalité, puisque le serment de 2012 précise que toutes les personnes doivent être respectées, je cite : "sans aucune discrimination".
Mais aucun de ces serments n'évoque explicitement des thèmes comme le consentement des patients aux actes médicaux qu'on leur propose ou le besoin que les médecins prennent soin de leur propre santé mentale et acceptent leur propre vulnérabilité pour mieux soigner. Pour répondre à ces enjeux importants, un podcast coproduit par Sorbonne Université et Binge Audio, propose une alternative, Le serment d'Augusta. J'ai découvert ce podcast grâce à Perrine, qui me l'a chaudement recommandé et qui vous le recommande aussi à toutes et tous !
Le nom "Le serment d'Augusta" vient d'Augusta Klumpke, une neurologue qui est devenue, en 1886, la première femme reçue au concours de l'internat des hôpitaux de Paris.
Le podcast est écrit par le neurologue Emmanuel Flamand-Roze et l'autrice féministe Olympe de Gê. Il est structuré autour de 11 grands principes qui forment un nouveau serment médical et qui sont chacun au centre d'un ou deux épisodes.
Le premier épisode, par exemple, s'appelle : "Je penserai les corps en dehors de la norme". Cet engagement est donc la première phrase du "serment d'Augusta". On apprend dans l'épisode que les préjugés sur les personnes grosses empêchent souvent ces dernières d'être bien soignées. Les épisodes suivants mettent en avant l'importance de la bienveillance des médecins les uns envers les autres, donnent des pistes pour mieux respecter le consentement des patients ou encore pour mieux communiquer, même quand il s'agit de mauvaises nouvelles. On arrive ainsi, au fil des titres d'épisodes, à un nouveau serment que certains docteurs français font maintenant le choix de prononcer au moment de leur soutenance.
Perrine n'a pas pu le faire, car sa soutenance a eu lieu avant l'invention du serment d'Augusta... Mais elle se rattrape aujourd'hui ! Écoutons-la :
Je penserai les corps en dehors de la norme. Je cultiverai une solidarité bienveillante et inclusive. Je rechercherai le consentement activement et à chaque instant. Je prendrai soin de moi pour prendre soin des autres et je verrai mes vulnérabilités comme des atouts pour mieux soigner. J'irai chercher un peu plus loin la vérité. Je tournerai mon regard vers celles et ceux que l'on oublie. Je prendrai soin de mes mots. J'écouterai le corps raconter les tourments de l'esprit. Je regarderai la "race" en face. Moi aussi, j'agirai contre les violences. J'écouterai leurs histoires jusqu'au bout.
Ça vous a plu ?
Alors sans jeter Hippocrate, qui est toujours très pertinent dans ses différentes versions modernes, je vous conseille, vous aussi, d'aller faire un tour du côté de chez Augusta !
À bientôt dans French Baratin !